Ecrivez ! Ecrivez, qu’ils disaient !

500X500-300x300Ecrivez ! nous lance-t-on subitement.

 

Ils en ont de bonnes ces animateurs d’ateliers d’écriture.

 

On vient à peine d’arriver, de se jauger, de se caler sur la chaise, de se réfugier derrière la table. On s’est même arrangé un petit coin « écriture » : trousses fournies, stylos multicolores, feuillets mobiles immaculés ou cahiers délicatement reliés pour se donner une assurance.

 

Et voilà qu’on nous lance : Ecrivez ! puis plus rien hormis le silence. Notre ilot de papier nous semble, alors bien étroit et notre stylo maladroit ressemble davantage à une rame plutôt qu’à une plume assurée et inventive.

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Une fois la surprise passée, les dociles stagiaires que nous sommes s’attèlent à la tâche et commencent à noircir le papier religieusement. 15 minutes s’écoulent. A peine notre première émotion digérée qu’on nous annonce l’indigestion ! Il va falloir partager notre texte (glups) et le lire (sueurs) à voix haute (panique). Pardon ? Partager ce muet verbiage tout juste accouché ? A peine assumé, on lui doit la liberté ? On se doit de le délivrer de notre étouffante emprise de géniteur possessif ?

Heureusement dans ces cas-là, quelques courageux volontaires se sacrifient toujours pour partir au front sous le regard amène de l’assemblée. « God bless you ». Et là, stupéfaction, miracle de l’écriture, magie émotionnelle, les apprentis écrivains que nous sommes se jettent les uns après les autres dans les eaux bénites du partage, humblement, simplement pour livrer leur littérature. Oui, on peut parler de littérature, n’en déplaise aux plus sceptiques d’entre vous.

Les hommes et les femmes qui étaient là, ont été émus, touchés, parfois bouleversés par la qualité des récits couchés sous la contrainte d’une consigne surprenante mais subtile et qui a su révéler des mots intimes, des mots vrais, des mots dissimulés au fin fond de nos êtres intérieurs. Ce « sur- moi » qui demande juste qu’on l’écoute un petit peu mieux pour sublimer ce « moi » parfois alourdi par les préjugés et les non-dits. Cet être que tous nous étions venus rencontrer pour passer à l’acte. L’acte d’aligner quelques mots pour soigner d’autres maux.

Anne, Nathalie, Maurice, un grand merci pour nous avoir présenté l’écrivain qui sommeillait en nous.

 

Sophie
Crédits photos : UEPD

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